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JEAN-BAPTISTE
SIMEON CHARDIN
( 1699 - 1779 )
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Jean-Baptiste Siméon Chardin
" Autoportrait "
Pastel
©
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Jean Siméon Chardin, prénommé à tort de son vivant,
Jean-Baptiste-Siméon Chardin, naît à Paris le 2 novembre 1699, d'un père artisan,
fabricant de billards. Mis à part le fait qu'il a été l'élève de Cazes (peintre
d'Histoire) et qu'il a peut-être été conseillé par Noël Nicolas Coypel, on n'a aucune
certitude à propos de sa formation avant le 6 février 1724, date à laquelle il est
reçu à l'Académie de Saint-Luc avec le titre de maître, auquel il renonça en 1729.
D'après les frères Goncourt, Coypel aurait fait appel à Chardin pour peindre un fusil
dans un tableau de chasse, ce qui lui aurait donné le goût pour les natures mortes.
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J.B.S. Chardin
" La Raie " 1728
Huile sur toile 114 x 146 cm
© Musée du Louvre
Paris
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Il est probable que deux de ses tableaux, "La Raie" et "Le Buffet
" aient été remarqués par les membres de l'Académie Royale à l'Exposition de la
Jeunesse, Place Dauphine, en 1728 : Louis Boullongne, Premier Peintre du Roi, et
Nicolas de Largillière un des meilleurs peintres français de natures mortes.
Jean Siméon Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des
animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie
des genres reconnus." La Raie " fait l'objet d'une admiration et d'une
fascination unanimes depuis le XVIIIe siècle. Notons que
"Le Buffet" est une des premières euvres datées de Chardin. Henri
Matisse copiera ces deux tableaux en 1896.
Chose rare chez Jean Siméon Chardin, un animal vivant figure dans " La
Raie" comme dans " Le Buffet ". L'artiste peint très lentement, revient
sans cesse sur son travail, ce qui n'est guère compatible avec la représentation
d'animaux vivants. Il est aussi probable que Chardin ait redouté que l'on compare ses
euvres à celles des deux maîtres du temps « dans le talent des
animaux » : Alexandre-François Desportes (1661-1743) et Jean-Baptiste Oudry
(1661-1778). Ce dernier avait précédé Chardin à l'Académie de Saint-Luc en 1708 et à
l'Académie Royale en 1717.
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L'année 1731 est marquée par des événements
particulièrement importants. Jean Siméon épouse Marguerite Saintard sept ans après un
contrat de mariage passé avec elle. Le père de l'artiste meurt peu après, et son fils
Jean Pierre naît en novembre. Cette même année, sous la direction de Jean-Baptiste Van
Loo (1684-1745), il participe à la restauration des fresques de la Galerie François Ier au Château de Fontainebleau.
Sa femme Marguerite meurt en 1735.
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Les premiers tableaux à figures de Chardin ont été
peints à partir de 1733 au plus tard. Chardin se rend compte qu'il ne pourra pas vendre
indéfiniment des natures mortes. Il lui faut devenir maître dans un autre
« talent ».
Dans son Abecedario, un contemporain de Chardin,
Mariette, rapporte l'anecdote suivante : Chardin faisant remarquer à un de ses amis
peintres, Joseph Aved (17021766), qu'une somme d'argent même assez faible était
toujours bonne à prendre pour un portrait commandé quand l'artiste n'était pas très
connu, Aved lui aurait répondu :-« Oui, si un portrait était aussi facile à
faire qu'un cervelas. »
L'artiste était mis au défi de peindre autre chose que des natures mortes. Mais
ce n'était pas la seule raison de changer de « talent ». Mariette
ajoute :
« Ce mot fit impression sur lui et, le prenant moins comme une raillerie que comme
une vérité, il fit un retour sur son talent, et plus il l'examina, plus il se persuada
qu'il n'en tirerait jamais grand parti. Il craignit, et peut-être avec raison, que, ne
peignant que des objets inanimés et peu intéressants, on ne se lassât bientôt de ses
productions, et que, voulant essayer de peindre des animaux vivants, il ne demeurât trop
au-dessous de MM. Desportes et Oudry, deux concurrents redoutables, qui avaient
déjà pris les devants et dont la réputation était établie. »
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J.B.S. Chardin
"La Pourvoyeuse" 1738
Huile sur toile 46 x37 cm
© Musée du Louvre
Paris
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Chardin va donc se consacrer aux scènes
de genre, ce qui ne sera pas sans difficultés pour lui. Les amateurs de peinture du XVIIIe siècle
prisent plus que tout l'imagination. Or, c'est la faculté qui faisait le plus défaut à
Chardin. Il a du mal à composer ses tableaux, et c'est ce qui explique en partie que
lorsqu'il trouve, après de longues et patientes recherches, une structure qui lui
convient, il la reproduit dans plusieurs euvres. Cette période de la vie de Chardin
s'ouvre sur deux pièces maîtresses :
" Une femme occupée à cacheter une lettre " (146 x 147 cm, Berlin, Stiftung
Preußischer Kulturbesitz). Ce tableau est exposé place Dauphine en 1734, et le Mercure
de France le décrit ainsi : « Le plus grand représente une jeune personne
qui attend avec impatience qu'on lui donne de la lumière pour cacheter une lettre, les
figures sont grandes comme nature. »
" Une femme tirant de l'eau à la fontaine ", dit " La Fontaine " ou
encore " La Femme à la fontaine " ( 38 x 43 cm, - Stockholm Nationalmuseum).
Comme dans le tableau précédent, une ouverture dans le mur du fond, à droite, apporte
de la clarté et montre une scène secondaire. Cependant aucun rapprochement n'est
possible avec les tableaux hollandais : les intérieurs de Chardin sont fermés et
les fenêtres sont très rares.
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Chardin expose ce dernier tableau au Salon du Louvre en
1737, ainsi que " La Blanchisseuse "( 37 x 42,5 cm, Stockholm
Nationalmuseum), " La fillette au volant " ( 81 x 65 cm, Paris, collection
particulière ) et " Le Château de cartes"
( 82 x 66 cm, Washington, National Gallery of Art).
Particulièrement dans "La Fillette au volant", le peintre ne fait
preuve d'aucune volonté de donner une impression de mouvement. Figée dans une attitude,
le regard fixe, la petite fille est en train de poser et son attitude trahit presque la
surveillance dont elle fait l'objet: « Ne bouge surtout pas ». Cette
immobilité, par contre, semble naturelle dans "Le Château de cartes", du fait
même du thème qui convient si bien à Chardin qu'il effectue quatre compositions avec
peu de variantes sur ce sujet.
Les expositions se succéderont ensuite presque tous les ans jusqu'à sa mort.
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J.B.S. Chardin
" La Blanchisseuse "
Huile sur toile 37,5x42,7cm
© Musée de l'Ermitage
St Petersbourg
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Présenté à Louis XV à Versailles en 1740 par Philibert Orry, Surintendant des
Bâtiments du Roi (sorte de Ministre de la Culture) et Contrôleur Général des Finances,
Chardin offre deux tableaux au souverain. On peut lire à cette occasion dans le Mercure
de France : « Le dimanche 27 novembre 1740, M. Chardin de l'Académie
royale de peinture et sculpture, fut présenté au roi par M. le contrôleur général
avec deux tableaux que Sa Majesté reçut très favorablement; ces deux morceaux sont
déjà connus, ayant été exposés au Salon du Louvre au mois d'août dernier. Nous en
avons parlé dans le Mercure d'octobre, sous le titre: "La Mère
laborieuse" et "Le Bénédicité"».
Ce sera la seule rencontre de Chardin avec Louis XV.
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J.B.S. Chardin
" Le Bénédicité " 1744
Huile sur toile 49,5 x38,4 cm
© Musée du Louvre
Paris
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"Le Bénédicité " ( 49,5 x 38,5 cm, Paris, Musée du Louvre ) et "La
Mère laborieuse "( 49 x 39 cm, Le Louvre ) sont tombés dans l'oubli dix ans après
la mort de Louis XV, puis ont été redécouverts en 1845 : le siècle bourgeois
apprécie les représentations des vertus bourgeoises qu'il oppose à la dissolution
supposée générale des murs de la noblesse.
L'auteur anonyme d'un article du volume XVI du Magasin Pittoresque écrit en
1848 :« À Watteau les déjeuners sur l'herbe, les promenades au clair de lune,
la capricieuse beauté du jour avec l'élégant cavalier de son choix, les danses sous la
feuillée des bergères et des bergers titrés ; mais à Chardin l'honnête et
paisible intérieur, la mère qui brosse l'habit de son fils avant de l'envoyer à
l'école, la mère apprenant à bégayer le nom de Dieu à sa petite couvée. Il imite le
calme avec calme, la joie avec joie, la dignité avec dignité. Il semble qu'un siècle ne
puisse contenir deux histoires si différentes ; cependant elles se côtoient.
Chacune a eu son historien, tous deux hommes de génie. Le brillant chatoiement de Watteau
a trop souvent éclipsé la douce clarté de Chardin. Ébloui par l'agaçante coquetterie
de la marquise, à peine s'arrête-t-on devant l'humble bourgeoise ; et pourtant,
quel plus doux mystère que cette suave peinture renfermant les vrais trésors de la vie
humaine : honneur, ordre, économie ! »
Et si l'auteur, dans le même passage, parle de Chardin comme d'un poète aux doux
coloris, ce n'est qu'un bref intermède avant de s'émerveiller devant la représentation
de son idéal féminin :« Elle est le type de ces milliers d'autres femmes
auxquelles les homme rigides, honnêtes, confient leur honneur, leur joie, leur nom, leurs
enfants, et dont la présence est une bénédiction pour le seuil qu'elles ont une fois
passé. »
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En 1744, Chardin épouse Françoise Marguerite Pouget (17071791). Il a 45 ans, elle
en a 37. Bientôt Chardin va être protégé et encouragé par un personnage important, le
marquis de Vandières (17271781), futur marquis de Marigny et de Menars, Directeur
des Bâtiments de 1751 à 1773. C'est lui qui permettra l'obtention d'une pension pour
Jean Siméon.
« Sur le rapport que j'ai fait au Roy Monsieur de vos talents et de vos Lumières,
Sa Majesté vous accorde dans la distribution de ses grâces pour les Arts, une pension de
500 livres, je vous en informe avec d'autant plus de plaisir, que vous me trouverez
toujours très disposé de vous obliger, dans les occasions qui pourront se présenter et
qui dépendront de moi à l'avenir. »
(Lettre du 7 septembre 1752, orthographe et ponctuation de l'époque)
Chardin est nommé Trésorier de l'Académie en 1755, et deux ans après, Louis
XV lui accorde un logement dans les Galeries du Louvre, ce dont il se montre très fier.
Marigny, dont la bienveillance à l'égard de Chardin ne sera jamais démentie, est à
l'origine de cet honneur rendu au peintre et l'en avertit lui-même.
« Je vous apprends avec plaisir, Monsieur, que le Roy vous accorde le logement
vacant aux Galleries du Louvre par le décès de S. Marteau, vos talents vous avaient mis
à portée d'espérer cette grâce du Roy, je suis bien aise d'avoir pu contribuer à la
faire verser sur vous. Je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant
serviteur. »
( Lettre du 13 mars 1757)
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Très occupé par ses fonctions de trésorier et par la
responsabilité qui lui incombe de l'arrangement des tableaux pour le Salon de l'Académie
(office dit de « tapissier » qui lui vaudra des démêlés avec Oudry),
Chardin, qui se consacre à nouveau à son premier « talent » depuis 1748,
compose de plus en plus de natures mortes. Il expose toujours des peintures de genre mais
cesse d'en créer: ce sont, la plupart du temps des uvres antérieure ou des
variantes.
Les natures mortes qu'il expose dans cette période sont assez différentes des
premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs,
pots, bocaux, verres, etc. Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la
composition qu'à un vérisme soucieux du détail, voire des effets de trompe l'il.
Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la
lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes
objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi.
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J.B.S. Chardin
"La brioche " 1763
Huile sur toile 47 x 56 cm
© Musée du Louvre
Paris
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Durant cette période le style de Chardin va évoluer :« En un premier
temps,l'artiste peint par larges touches qu'il dispose côte à côte sans les fondre
entre elles (
) ; après avoir pendant quelques années, vers 1755-1757,
multiplié et miniaturisé les objets qu'il éloigne du spectateur, tenté d'organiser des
compositions plus ambitieuses, il accordera une place de plus en plus grande aux reflets,
aux transparences, au « fondu » ; de plus en plus ce sera l'effet
d'ensemble qui préoccupera l'artiste, une vision synthétique qui fera surgir d'une
pénombre mystérieuse objets et fruits, résumés dans leur permanence. » (Pierre
Rosenberg, Catalogue de l'Exposition de 1979, p. 296)
Retenons " La Table d'office", dit aussi "Partie de dessert avec
pâté, fruits, pot à oille et huilier " (38 x 46 cm, Paris, Musée du Louvre).
Chardin propose ici une composition horizontale dans laquelle il multiplie des couleurs et
les formes géométriques. Il peint aussi des compositions plus sobres, inscrites dans une
figure ovale, avec des fruits, et où l'accent porte sur les reflets, les jeux complexes
de la lumière. Par exemple, " Le Bocal d'abricots" (Ovale
57 x 51 cm, Toronto, Art Gallery of Ontario), et "Le Melon entamé " (Ovale 57 x
52 cm, Paris, collection particulière ).
ll faut rappeler enfin " Le bocal d'olives " (7I x 98 cm, Paris, Musée
du Louvre) dont Diderot disait qu'il fallait commencer par le copier pour apprendre le
métier de peintre.
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En 1765, il est reçu, à la suite d'un vote à l'unanimité, à l'Académie des
Sciences, des Belles Lettres et des Arts de Rouen comme Associé libre.
En 1772 Chardin commence à être gravement malade. Il souffre probablement de ce
que l'on appelait « la maladie de la pierre », c'est-à-dire de coliques
néphrétiques. À cause de l'âge et de la maladie, le 30 juillet 1774, il démissionne
de sa charge de trésorier de l'Académie.
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Mais il faut faire une place à
part au pastel dans l'euvre de Chardin. Cet art, déjà pratiqué par Léonard de
Vinci et Hans Holbein prend son essor au XVIème siècle, notamment avec
les portraits de la famille royale par Maurice Quentin de la Tour (1704-1788). Peut-être
est-ce lui qui a donné le goût de cette technique à Chardin, son ami.
En 1760 Quentin de la Tour avait fait, au pastel, un portrait de Jean Siméon (Louvre,
Cabinet des dessins) qui l'avait offert à l'Académie à l'occasion de sa démission de
la charge de Trésorier.
C'est au début des années 1770 que Chardin se consacre véritablement au pastel, ce
qu'il expliquera notamment par des raisons de santé, dans une correspondance avec le
comte d'Angivillier. Ce dernier est Directeur et Ordonnateur des Bâtiments du Roi depuis
1774. Les relations entre Chardin et lui sont extrêmement différentes de celles que le
peintre entretenait avec le frère de Mme de Pompadour. Il est même possible de
dire que Chardin ait à faire face à un mépris teinté d'hostilité.
Ainsi, lorsqu'en 1778, il exprime auprès de d'Angivillier son désir de percevoir les
honoraires jadis affectés à sa charge de Trésorier de l'Académie, il se heurte au
dédain du comte. Chardin est à la fois conscient de la haute maîtrise dont témoigne
son art, et du peu d'estime que l'on accorde aux peintres de nature morte.
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À sa mort, Madame de Pompadour avait, en quelque sorte, légué François Boucher
(1703-1770) à Louis XV qui en fit son Premier Peintre en 1765 et le nomma Directeur de
l'Académie. Les attaques d'un Denis Diderot, que sa morale bourgeoise frappe parfois de
cécité esthétique, n'y font rien : Boucher est un grand peintre. Mais à la mort du
« favori de la favorite », les tenants de la peinture d'histoire vont se
déchaîner. Charles Nicolas Cochin le jeune (1715-1790), grand ami de Chardin et jadis
protégé de Marigny, en sera la victime : forcé de démissionner de sa place de
Secrétaire de l'Académie, il est remplacé par J.B.M. Pierre (1714-1789), nouveau
Premier Peintre du Roi.
Soutenue par d'Angevillier et Pierre qui tous deux méprisent Chardin qui le
leur rend bien plus encore ! la peinture de « grand genre »
s'apprête à lancer, avec le néo-classicisme le bouquet de ses derniers feux dans
l'histoire de la peinture occidentale, avant de faire naufrage dans un académisme
glorifiant des anecdotes submergées par des vagues de détails insignifiants.
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C'est dans ce contexte, et malgré ses ennemis, que Chardin va s'imposer auprès des
amateurs par ses pastels, ultimes joyaux de son art. Aux Salons de 1771, 1773, 1775, 1777,
1779 il expose des autoportraits, des portraits de sa femme, des têtes de vieillards, des
têtes d'enfants, des têtes d'expression, et une copie de Rembrandt.
Chardin connaît le succès avec ces dessins dans lesquels il fait preuve de bien plus de
maîtrise que dans ses quelques portraits à l'huile. « C'est un genre auquel on ne
l'avait point vu encore s'exercer, et que, dans ses coups d'essais, il porte au plus haut
degré », écrit un critique dans l'Année littéraire, en 1771.
Déjà les connaisseurs avaient remarqué que, dans ses peintures à l'huile, l'artiste
juxtaposait les pigments plutôt qu'il ne les mélangeait sur la palette. Ainsi, l'Abbé
Guillaume-Thomas-François Raynal (1713-1796, dans sa Correspondance littéraire,
1750 :« Il place ses couleurs l'une après l'autre sans presque les mêler de
sorte que son ouvrage ressemble un peu à la mosaïque de pièces de rapport, comme la
tapisserie faite à l'aiguille qu'on appelle point carré. »
Le pastel permet à Chardin d'approfondir cette technique. Quant aux couleurs, elles
s'imposent à l'artiste dans leur relation. En effet, le problème n'est pas de savoir
s'il y a du bleu ou du vert sur tel visage réel, mais s'il en faut dans le portrait. Un
demi siècle avant que les théories d'Eugène Chevreul (1786-1899) n'influencent les
Impressionnistes, il développe dans ses pastels l'art du mélange optique des teintes, et
de la touche hachurée qui accroche la lumière. Par dessus ses bésicles, dans son "
Autoportrait " de 1771 (Musée du Louvre), le doux et malicieux regard invite
l'amateur, non pas à scruter l'âme du peintre, mais à revenir sur l'euvre même,
pour observer, étudier sans cesse les audaces picturales qui confèrent une vie
fascinante à son visage.
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Louis XV meurt en 1774, mais depuis dix ans déjà, Mme de
Pompadour n'était plus à ses côtés pour orienter ses goûts. Cette même année,
d'Angivillier, dont on a vu le peu d'estime qu'il avait pour Chardin, succède au frère
de la favorite, protectrice des arts et des lettres. Le peintre souffre finalement assez
peu de ces changements, et de toute façon, ses détracteurs ne parviennent pas à
entraîner une désaffection du public cultivé.
Ainsi, au Salon du Louvre du 25 août 1779, Chardin expose ses derniers pastels. Mesdames
ainsi nommait-on les filles de Louis XV connaissaient et appréciaient
Chardin: pour leur demeure de Bellevue, il avait peint en 1761 deux dessus de portes,
" Les Instruments de la musique guerrière ", et "Les Instruments de la
musique civile" .
Le lundi 6 décembre 1779, à 9 heures du matin, Jean Siméon Chardin meurt dans son
appartement des Galeries du Louvre.
Wikipedia
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Jean-Baptiste Siméon Chardin
1776 ©
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exposition
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exposition
Musée de
la Marine
Paris
Mathurin Méheut
Du 27 février au 30
juin 2013
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exposition
Musée Marmottan-Monet
Du 21 février au 30 juin 2013
Marie Laurencin
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théâtre
Voyage
au bout de la nuit
d'après
Louis- Ferdinand Céline
Mise en scène Françoise Petit
avec
Jean-François Balmer
Théâtre de l'Oeuvre 55, Rue de Clichy Paris - 75009
Jusqu'au 24 mars 2013
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