Artiste maudit, Maurice Utrillo (1883 - 1955) sévertuait à représenter les
quartiers de Paris et surtout Montmartre dans un style dépouillé et coloré, mais très
souvent déserts, et sans vie. C'est ce style quelque peu minimaliste qui
avait fait sa
renommée dans les années 1910, et qui lui permit d'être la figure essentielle de
lEcole de Paris.
Maurice Utrillo dès son plus jeune âge un garçon très dissipé. Il fait même quelques
séjours à Saint Anne et goûte tôt à l'alcoolisme. Au contact dAndré Utter, un
étudiant aux Beaux-Arts, Utrillo décide de se mette à peindre et à exposer ses
tableaux, principalement dans les cabarets qu'il fréquente. Rapidement, il produit
beaucoup en raison de la nécessité pour lui de payer ses excès de boissons.
Il est prêt souvent à vendre ses toiles au rabais pour un peu d'alcool. Maurice Utrillo se révéle rapidement
avoir du talent, lequel avec les conseils de sa mère, Suzanne Valadon, se transformé en une technique
parfaitement maîtrisée de la composition et de la peinture jusqu'à un certain génie.
Avec André Utter, il commence à peindre des paysages dans la lignée des
impressionnistes, mais passe rapidement à la représentation de Paris et de son quartier
de Montmartre.
Son style et ses sujets saffirment au fil des semaines, peignant les rues, les
cafés, les restaurants et les guinguettes qu'il fréquente régulièrement. Ses tableaux
représentent fréquemment des lieux vides de présence humaine, souvent avec des couleurs
ternes avec une végétation quasiment absente ou dans des scènes où lhiver semble
permanent jusqu'à l'angoisse.
Maurice Utrillo se complaît dans une vie de bohème dans les quartiers mal famés de
Paris, passant de bar en bar et de son errance dans les rues à son atelier.
Dans les
années 1912-1914, il fait quelques séjours dans la clinique du Docteur Revertégat à
Sannois non loin de la capitale, pour se soigner, mais aussi parcequ'il aime le
charme de cette campagne, qui lui permet de se consacrer entièrement à son art.
Cette
période est celle que l'on qualifie de "période blanche " dans l'oeuvre
d'Utrillo, car retrouvant une certaine sérénité, il se prête à l'ajout de plâtre
dans sa peinture, et découvre par cette tecnique toutes les subtilités et la richesse
des variations du blanc, par lesquelles s' expriment pour lui, à la fois la lumière, la
beauté et la vérité des choses.
Maurice Utrillo voit les sujets qu'il peint au travers leur forme et leur substance. Il ne
s'intéresse pas aux tendances du moment, ni au pointillisme de Seurat, ni au symbolisme
des Nabis. Il ignore le cubisme, le surréalisme et l'abstraction.
Seule l'intéresse la figuration, dans sa forme première, spontanée, naïve,
et en cela davantage que les rares paysages qu'il peint, la représentation
des villages,
des rues, des carrefours de la ville. Il est un peintre urbain, dans le prolongement d'une
peinture de la ville chère au XVIIème siècle avec Bellini et Carpaccio à Venise, et
celle par exemple de Vermer à Delft, ou encore avec Pannini, Canaletto, Belloto ou Guardi
à Rome quelques années plus tard.
Par certains de ces aspects, il peut être rapproché de Pissarro peignant l'Avenue de
l'Opéra, ou plus tard, Vlaminck et Marquet sous leurs palettes fauvistes.
Maurice Utrillo apparaît comme le témoignage de lémergence dun nouveau type
de peintres, issus des milieux populaires. Aux couleurs vives d'un Renoir tachetées
de toutes les nuances de la lumière, sopposent les couleurs de la réalité,
sombres, terreuses ou blanchâtres des faubourgs dUtrillo.
(LMDA) |