"Le jardin offrait une image de
la nature telle que Monet la désirait et telle qu'il l'avait déjà figurée dans ses
tableaux; cela est très révélateur de la puissance de son réalisme et de la force de
son besoin d'idéal : plutôt que d'élaborer sur la toile des formes picturales
idéalisées, il choisit de créer de toutes pièces un jardin réel avant de se mettre à
peindre. Il employait des jardiniers pour disposer les plantes "comme des couleurs
sur une palette", pour essuyer la poussière se déposant sur les feuilles de
nénuphars et pour ôter les fleurs fanées, mais il n'était pas soumis à pareilles
contingences dans l'exercice de son art : c'est ce qui apparaît dans certains
tableaux presque parfaits représentant le pont japonais ou le jardin fleuri et dans
certains Paysages d'eau. Ce fut en fin de compte la recherche acharnée pour
transcrire la vérité de la sensation qui vint rompre la douceur presque étouffante de
ce coin de paradis".
Virginia Spate "Claude Monet la couleur du temps "
Editions du Chêne 1993 (extrait p.261 )"