Toujours l'oeil vif et en mémoire toute sa vie, Willy Ronis, a
toujours aimé Paris. Willy Ronis a traversé le siècle avec son appareil photo et connu
toutes les facettes du métier de photographe, depuis les années vingt jusqu'à nos
jours.
Willy Ronis, est né en 1910 dans le 9ème arrondissement, Cité Condorcet. Après des
études de dessin et de violon, il commence à photographier Paris. Le décés de son
père en 1936, et la faillite de son studio de photos-portraits, le conduisent à
s'essayer à la photo reportage, en réalisant des piges pour la presse de gauche dont il
se sent proche.
La première photo qu'il vend à un journal, est une photo prise le 14 juillet 1936 : une
fillette coiffée d'un bonnet phrygien et levant le poing, juchée sur les épaules de son
père. Cette photo sera l'une des photos-icônes du Front Populaire.
Après la guerre, où il s'est
réfugié en zone libre, il décroche des commandes pour de grands magazines comme
Time-Life, Point de Vue, Regards, et entre à l'agence Rapho. C'est l'âge d'or de la
photographie humaniste française et Willy Ronis couvre tous les sujets parisiens.
En 1947, ses photos de Belleville et Ménilmontant, avec lesquelles il réalisera un album
devenu un livre-culte "Belleville-Ménilmontant", maintes fois réédité depuis
1954, puis ses photos des bords de la Marne quelques années plus tard le feront
connaître du grand public.
" Si je remonte dans le temps, j'avais eu la commande d'un reportage sur les
guinguettes. C'est comme ça que je suis allé sur les bords de la Marne avec ma moto,
comme ça, au hasard. Quand on ne connait pas le coin, c'est absolument ébouriffant, avec
la boucle de la Marne à Champigny. Tout à coup, on traverse, on trouve la Marne, et on
ne comprend pas pourquoi ... On sortait de l' Occupation. Il y avait un souffle et un
enthousiasme lié à ce que nous avions retrouvé la liberté. Et cela se sentait dans la
vie quotidienne, malgré les difficultés... et en 58, ce n'était pas encore dissipé, on
croyait encore à une vie sans souci majeur ".
A la demande d'Edmonde Charles-Roux, rédactrice en chef, alors, de Vogue, il réalise
aussi en 1957-58 des photographies de mode, en extérieurs. C'est un aspect moins connu du
travail de Willy Ronis. Cependant les années 60 sont moins prospères pour Willy Ronis,
lequel décide de quitter Paris en 1972, pour s'installer à l'Isle-sur-Sorgue et se
consacrer à l'enseignement, tout en réalisant des reportages en Provence.
Son objectif fixe le temps et ses mouvements. La société évolue plus vite que ces
lieux qui semblent résister à l'inconstance des hommes. Les photos réalisées jusque
vers les années 80, souvent lors de longues promenades avec son épouse, révèlent des
déjeuners sous les platanes, des clins d'oeil à Prévert, une douceur de vivre et une
nature magnifique où l'on revient toujours.
En 1980, un éditeur lui propose de rassembler ses photos dans un album rétrospectif. Ce
livre "Sur le fil du hasard", qui paraît en 1981, obtient le prix Nadar et le
relance brusquement. Ses photographies font alors l'objet d'un véritable engouement,
tandis que les livres, les articles, les expositions se succèdent à Paris, New-York,
Moscou ou Oxford.
Il décide alors de revenir habiter à Paris, dans son cher 20ème arrondissement, et
recommence à photographier et à travailler à la réédition de ses photos, lui qui n'a
utilisé en tout et pour tout dans sa vie que trois appareils photographiques, et très
peu travaillé en couleurs.
En 1983, Willy Ronis a légué son oeuvre à l'Etat français.
Il meurt dans la nuit du 11 au 12 septembre 2009 à lâge
de 99 ans.
(LMDA)
|