Paul Gauguin (1848-1903) entra dans sa carrière de peintre tardivement, à
l’âge de 35 ans. En 1873, il a épousé une danoise, Mette Sophie Gad, et
c'est Camille Pissarro qui l'introduit dans le groupe des peintres
impressionistes, et qui lui permet de participer à différentes expositions
de 1876 à 1883. Il s'installe en 1884 au Danemark dans sa belle famille
qui accepte mal sa vie d'artiste. Il est en recherche en effet d'un idéal de
vie artistique, d'une vérité morale et spirituelle. En
1885, il laisse sa femme et ses quatre enfants et revient à Paris avec son
fils âgé de six ans. Sous l'influence de Cézanne, il s'oriente
progressivement vers une peinture symboliste que l'on verra s'épanouir dans
son oeuvre polynésienne, à Tahiti où il finira ses jours en 1903.
Convaincu que la civilisation
occidentale est en voie de perdition, il s’installe en Bretagne pour un
temps à Pont-Aven, en 1886, puis y revient en 1888. Il écrit à un ami, Emile
Schuffenecker : " J'aime la Bretagne. J'y trouve le
sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur le sol de granit,
j'entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture".
Durant l'été de la même année il rencontre Emile Bernard, période
charnière et décisive, avec lequel il travaille et invente une technique
baptisée le "synthétisme". Il s'agit de traiter les sujets de manière à ne
pas s'en tenir à la simple reproduction détaillée des paysages ou des
personnages, mais de peindre de mémoire, pour ne retenir que l'essentiel des
scènes selon un assemblage de couleurs posées par aplats, sans convention de
composition ou de perspective. C'est un traitement symbolique du thème dans
une nouvelle expression esthétique qui est recherchée.
Une oeuvre telle que " La Vision du Sermon" concrétise cette période
essentielle dans son oeuvre et qui sera l’une des premières étapes de la
naissance de ce que l’on appellera ensuite "l’art moderne". Ce mode de
travail séduira immédiatement de jeunes peintres tels que Jourdan, Charles
Filiger, ou d’autres qui feront évoluer ces recherches, comme Henry Moret,
Chamaillard ou Maufra, ou encore Lacombe et Paul Sérusier, lesquels
donneront naissance peu après au Groupe des Nabis.
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