Cornelis Theodorus Marie ( dit
Kees) Van Dongen (1877-1968) est issu d'une famille bourgeoise hollandaise de
Rotterdam. Il suit les cours de l'Académie Royale des Beaux Arts à partir de 1894 sous
la Direction de Van Maasdjik, avec qui il apprend le dessin, et s'imprègne de l'art de
Rembrandt et de Franz Hals, pour dessiner et peindre essentiellemnt des paysages.
L'année 1897 lui donne l'opportunité de venir à Paris, où il parvient à exposer
quelques dessins et illustrations inspirées de scènes de la rue, dans une démarche
proche de Steinlen ou de Toulouse Lautrec avec lesquels il se lie d'amitié. Il fait
différents petits métiers pour survivre, tout en réalisant des dessins dénonçant
l'âpreté de la vie et les injustices sociales pour le journal "l'Assiette au
Beurre". Jusqu'en 1905, il réalise en tout près de 300 illustrations pour ce
journal.
Parallélement à partir de 1904, il se consacre davantage à la peinture, en s'attachant
à la représentation de la "Femme", dans des sujets qui délaissent la critique
sociale, pour laisser place à la sensualité, à la fête, au plaisir. Cela lui permet
d'exposer au Salon des Indépendants à l'automne 1904 où il se fait remarquer par la
présentation de six de ses toiles, qui lui valent de pouvoir exposer ensuite à la
Galerie Vollard, des oeuvres réalisées en Hollande, des paysages, des marines, mais
également des vues de Paris.
Après un séjour en Normandie, il rencontre Matisse, et s'intéresse au divisionnisme de
Signac. Sa palette devient plus intense et plus vive, jusqu'à l'utilisation de couleurs
pures qui le rapprochera du fauvisme, avec des intensités contrastées, tout en
s'orientant vers une simplification de ses lignes.
Impressionné également par Van Gogh, il s'intéresse de plus en plus à la couleur, aux
oppositions, à la complémentarité, à la puissance aux contrastes, à la recherche
d'une expression primitive selon une approche qui lui permet d'acquérir la réputation
d'un artiste audacieux et moderne. Sa prédilection pour la figure féminine, pour la
représentation de sa sensualité, pour l'évocation de la sexualité au travers des
recherches chromatiques de plus en plus violentes, le confirme dans le fauvisme, mais dans
une orientation personnelle qui l'éloigne des traces de Cézanne dans lesquelles
marchent la plupart des autres artistes.
L'année 1910 lui permet de quitter Paris et le Quartier Montmartre, ses boulevards, ses
cafés-concerts, pour voyager, en Italie, en Espagne, puis au Maroc. Il découvre
l'intensité et la chaleur de la lumière, les teintes ocres et vives, la brillance des
matières et des tissus, les multiples nuances du blanc, qui accentuent encore sa
fascination et son goût pour les couleurs vives et chaudes, et en particulier pour le
rouge.
Il acquiert une aisance matérielle et une notoriété qui lui permettent alors de mener
une vie mondaine, d'organiser des réceptions et des fêtes extravagantes courrues du tout
Paris, de participer à des expositions de plus en plus nombreuses.
L'année 1913 marque la fin de sa période fauviste. Il fait alors des compositions
décoratives de nus très stylisées, et s'intéresse de plus en plus au portrait
féminin, par lesquels il exprime par sa composition non seulement la force instinctive du
désir, mais également le charme, la séduction, l'esthétisme.
Van Dongen prend goût à la vie mondaine, et aux plaisirs de la vie. Il est un peintre à
la mode. C'est la période " cocktail" du peintre, au cours de laquelle les
scandales se succéderont, tant pour les soirées privées dans lesquelles il se
distinguera par ses excentricités, que pour les oeuvres qu'il proposera au Salon
d'Automne, mais qui lui attireront la sympathie du public.
Les années 1920 le consacreront comme portraitiste officiel, et il sera sollicité pour
de nombreux portraits, tandis qu'une exposition rétrospective de 1927 au Stedelijk
Museum d'Amsterdam, lui permettra une reconnaissanvce internationale.
Séparé de son épouse Guus, il trouvera une liaison avec Jasmy Jacob et multipliera ses
voyages, tel son séjour en Egypte en 1928 où il peint de nouveaux portraits.
En 1929, il se fait naturaliser français et reçoit un grand nombre de commandes de
portraits de la part des personnalités en vue de l'époque, tels que le roi des Belges,
l'Aga Khan, l'actrice Arletty, ou Sacha Guitry.
Sa vie prend un nouveau tournant en 1938, lorsqu'il rencontre Marie-Claire sa femme qu'il
épousera en 1953. En 1940, alors que Paris est occupé, il participe au voyage en
Allemagne nazie organisé par Arno Becker, avec des artistes tels que Derain, Vlaminck,
Dunoyer de Ségonzac, voyage qui leur seront à tous reproché.
Il s'installe à partir de 1949 à Monaco, alors que les expositions et les
rétrospectives qui lui sont consacrées se multiplient à l'étranger, et que le milieu
artistique français le boycotte en raison de l'ambiguité de sa position par rapport à
l'Allemagne.
En 1959, sa participation à la grande exposition " Le fauvisme Français et les
débuts de l'Impressionisme" le réhabilite quelque peu auprès du public, avant
qu'il ne meurt le 28 mai 1968 à Monaco.
(LMDA)
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