Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), artiste aussi
célèbre qu'insaisissable, classifié depuis des lustres dans le tiroir des artistes
classiques et académiques, reste un immense artiste très différent des lieux communs
qualifiant sa peinture de sévère et d' ennuyeuse.
Fils d'un peintre musicien, aîné d'une famille de sept enfants et élève de David à
partir de 1797, né à Montauban le 29 août 1780, il décéde à Paris le 14
janvier 1867.
Des premières études d'homme nus exécutées dans l'atelier de David aux corps
sensuels des odalisques du "Bain turc", qu'il peint huit ans avant sa mort à
l'âge de 79 ans, Ingres fut en réalité toujours en rupture par rapport aux milieux
où il a été formé.
Qualifié de primitif, d'académicien, de peintre traditionnaliste, puis de peintre
coloriste davantage intéressé par le dessin que par la peinture, Jean-Dominique Ingres
en réalité revendique et transgresse avec détermination les codes esthétiques de son
époque. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas l'expression des sentiments comme le défendent
les romantiques, dont Eugène Delacroix, c'est l'expression visuelle, par laquelle les
visages, les corps, les étoffes prennent de la force, de la vérité, de la matière,
comme par exemple pour la "Grande Odalisque", en 1814, quitte à rajouter
quelques vertèbres à celle-ci, pour mieux souligner sous une forme allégorique à la
fois l'esthétique du corps féminin, et le désir qu'il engendre, sa charge érotique, sa
chaleur, sa préciosité, soulignées par les voilages et les objets qui l'entourent : la
boucle de ceinture défaite, le brûleur d'encens, les plumes de paon, la pipe, les plis
des draps.
Mais ses audaces qui lui font peindre les harems occupent souvent ses autres peintures,
qu'elles soient historiques, mythologiques ou religieuses, de manière moins évidente,
mais au second niveau tout aussi provocantes. Par
l' expression par exemple des poses, des gestes, des regards. Ingres s'adonne à une
certaine provocation expressive, comme par exemple dans " Le sonde d'Ossian
" en 1813 ou " Roger délivrant Angélique " en 1839 .
Ingres qui avait épousé Madeleine Chapelle en 1813, rencontrée par l'intermédiaire de
Mme de Lauréal, pour une union ayant duré 36 ans, avait réalisé de nombreux portraits
également de sa femme, dont neuf dessins de Madeleine sont au Louvre.
Portraitiste émérite, il avait aussi réalisé de nombreux portraits mondains en dehors
de différents tableaux consacrés à Napoléon, ceux par exemple du Comte Gouriev,
l'homme d'affaire Louis-François Bertin, la Princesse de Broglie, la Baronne James de
Rothschild, mais aussi des portraits, de musiciens comme Luigi Cherubini, Charles Gounod,
Franz Liszt ou Niccolo Paganini, pour
le rapport avec son amour de la musique et du violon, instrument
dont Ingres jouait à ses moments perdus, et qui donna naissance à la célébrissime
expression du "Violon d'Ingres".
(LMDA)
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