Née en 1919 à Liège, Francine Holley-Trasenster
s'intéresse très jeune aux arts plastiques et à la peinture . Elle parvient à entrer
dans l'atelier de Mathilde du Monceau, à partir de 1937, en se consacrant essentiellement
à la peinture de sujets classiques, paysages, natures mortes et portraits, dans un style
totalement figuratif aux dominantes claires et douces.
Durant la guerre, elle poursuit son travail en se consacrant à la peinture de
portraits de ses proches. Puis, elle décide d'entrer comme élève à l'Académie des
Beaux Arts de Liège où elle suit les cours de Robert Crommelynck, tout en s'intéressant
aux travaux de peintres tels que Manessier, Bazaine, Tal Coat ou Marchand.
Elle est fortement impressionnée par la jeune peinture française qu'elle découvre lors
d'une exposition à Bruxelles.
Elle décide alors de venir à Paris où elle rencontre l'architecte Michel Holley
qu'elle épouse en 1947.
Elle entre dans l'atelier d'André Lhote et fréquente le milieu artistique autour de
Fernand Léger, de Jean Dewasne et Edgar Pillet, et s'inscrit à l'Atelier d'Arts Sacrés,
où elle apprend les techniques de la fresque.
Les cours qu'elle suit auprès de Fernand Léger l'influencent beaucoup. Tout en restant
dans un registre figuratif, les formes de ses tableaux se décomposent, deviennent peu à
peu plus géométriques et les couleurs plus vives.
C'est l'année 1950 qui voit Francine Holley-Trasenster entrer totalement dans l'abstrait
avec des formes géométriques en aplats avec des lignes, des trames des graphismes plus
ou moins soulignés tout en utilisant des couleurs en juxtaposition, sans dégradé, de
manière à faire vibrer la couleur.
Elle fait ses premières expositions à Paris au Salon des Réalités Nouvelles de 1951 à
1954.
Son oeuvre apparaît dans les cahiers de
sérigraphies, publiés entre 1953 et 1956 à Bruxelles, par le Groupe Art Abstrait duquel
elle se rapproche : formes et signes lissés sur fonds monochromes d'abord, puis ensuite
dans des structures et des contours linéaires et réguliers, et avec lequel elle expose
à Bruxelles, Aix la Chapelle, Milan, etc...
A partir de 1955, son dessin devient plus complexe : les lignes s'amplifient, les formes
s'épaississent, et elle diversifie sa matière, en utilisant de nouvelles techniques
telles que la gouache, le collage, les pastels, les encres sur papier mouillé qu'elle
utilise à partir de 1960, et qui lui apportent de nouvelles possibilités dans ses
recherches picturales.
En 1962, l'architecte Raymond Lopez lui demande la création d'une fresque murale pour la
décoration de l'entrée de l'Ecole Technique Aéronautique de Ville d'Avray. C'est à
partir de là que sa réputation se consolide, alors qu'elle poursuit ses recherches sur
de nouveaux supports, tout en cherchant à s'affranchir des cadres de la peinture.
Elle réalise des oeuvres sur bois " Les Bois découpés " où elle utilise des
toiles peintes marouflées sur des bois découpés, elle s'intéresse également à la
sérigraphie, fait des recherches sur l'utilisation du polystyrène sous formes de
maquettes enchâssées dans des boîte en plexiglas, sur l'utilisation du formica ou sur
les techniques de la tapisserie, pour arriver dans les années 60 où s'intéressant
également à la sculpture, elle réalise des séries de grands dessins et maquettes
qu'elle appelle " Totems".
Les années 70 conduisent Francine Holley-Trasenster à s'intéresser à la musique
d'un point de vue pictural alors que celle-ci a toujours tenu une place importante dans sa
vie. Elle procède à la préparation de ses oeuvres, comme le ferait un compositeur :
avec de nombreuses études et variations préliminaires avant de réaliser le tableau
définitif, ce parralèllement à une complexification formelle qui apparaît
progressivement dans ses lignes, ses dessins et graphismes, davantage abstraits, mais aux
couleurs plus calmes, plus nuancées.
Une nouvelle étape apparaît à partir de 1998, avec des séries en noir et blanc où des
formes plus simples, plus affirmées, plus synthétiques, apparaissent à nouveau et
dans lesquelles la couleur s'estompe au profit de formes plus graphiques, qui pourraient
faire penser à une forme de calligraphie moderniste et minimaliste épurée dénuée de
tout sens autre que purement esthétique.
(LMDA)
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